Le Xinjiang



Province de Xinjiang


Langues officielles

Mandarin

Capitale

Urümqi

Gouvernement
 - Président
 - Premier ministre

République populaire
Hu Jintao
Wen Jiabao

Superficie
 - Totale

Classé 1e en Chine      1 646 800 km²

Population
 - Totale (2000)
 - Densité

Classé 1e
1 273 111 290 
3 hab.
129 hab./km²

Monnaie

Renminbi (RMB)

Fuseau horaire

UTC +5 (mais officiellement, seul l’usage de l’horaire de Pékin est autorisé)

Indicatif téléphonique

+86



     

Présentation

 


La région autonome du Xinjiang ( Xinjiang signifie « nouvelle frontière »), située à l’extrême ouest du territoire de la République populaire de Chine, s'étend sur 1 646 800 km2 (3 fois la France).

Situé à l'ouest de la Chine sur l'ancienne route de la soie, il dispose de réserves de pétrole qui en font une région stratégique pour Pékin.

Le Xinjiang est une région relativement récente dans l'histoire de la Chine. Sa situation géographique en Asie Centrale en faisant une zone de passage, de nombreuses ethnies cohabitent, grâce aux diverses vagues de colonisation qui se sont succédées : populations indo-européennes (Tokhariens et Saces, ces derniers étant de langue iranienne) originellement nomades et qui se sont sédentarisées sur place, puis nomades paléo-asiatiques, proto-turques, turques et enfin proto-mongoles. Le Xinjiang actuel résulte de siècles de lutte entre les dynasties chinoises et les peuples colonisateurs.


    

Géographie

 


Cette immense région - la plus grande unité administrative de la Chine - est aussi une des moins densément peuplées du pays avec le Tibet et le Qinghai. Elle partage une frontière avec la Mongolie, la Fédération de Russie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan, l'Afghanistan, le Pakistan, le Cachemire et l'Inde. Ce qui en fait la province chinoise la plus extravertie du pays.



Elle est constituée de deux bassins : au nord le bassin de la Dzoungarie et au sud le bassin du Tarim. Ils sont séparés par le système montagneux des Tian Shan, un des plus vastes de la planète. Le point le plus bas est 155 m sous le niveau de la mer et le plus haut sommet est à 8611 m sur la frontière avec le Cachemire.

Le centre du bassin du Tarim est occupé par un désert, le Taklamakan (c’est le deuxième plus grand désert mouvant du monde, on l’appelle l’Océan de la mort, le désert d’où l’on ne revient pas…).
Le sous-sol renferme d'importantes ressources naturelles, du pétrole, du gaz naturel, des métaux précieux.

La liaison ferroviaire Langzhou-Urumqi, longue de 1 900 kilomètres, a été inaugurée en 1999. Le train relie également Urumqi à Almaty, au Kazakhstan.
Le Xinjiang a été désenclavé au forceps. Mais il résiste. Les tempêtes de sable menacent d'ensevelir les rails. Le vent s'acharne contre les tunnels creusés de haute lutte dans les monts Tianshan.

     

Population

 


Les densités sont faibles. En 2000, la population totale était d'environ 19,25 millions d’habitants.

Sur le plan ethnique, le " Xinjiang " contemporain est une région complexe : 59,4%  de la population de la région autonome sont d'origine ethno-linguistique non-Han, Han étant l’expression officiellement utilisée en Chine pour qualifier "les populations ethniquement chinoises".

Outre les Han, le Xinjiang compte officiellement une vingtaine de groupes ethniques différents. Certains de ces groupes sont numériquement très faibles, ils représentent à peine quelques dizaines de milliers voire quelques milliers de personnes comme les Tadjiks, les Xibes, les Mandchous, les Ouzbeks, les Russes, les Daurs ou les Tatars. Les populations "allogènes " principales du Xinjiang sont en fait les Ouïgours (ouïgour signifie « unité »)- environ 47,5% de la population totale de la région autonome - et les Kazakhs (7,3% de la population). Ces deux groupes parlent des langues turques.

Les Ouïgours appellent le Xinjiang « Turkestan oriental ».

     

Histoire et Religions

 


Outre la complexité ethnique, la région est traversée par un clivage religieux. En effet, une majorité de la population du Xinjiang est de confession musulmane, soit 61,7%. Il s'agit des turcophones mais également des Hui qui sont ethniquement Han mais islamisés. Ces derniers représentaient 4,5% de la population du Xinjiang.

Pour résumer, une grande partie de la population de la région autonome entretient une communauté géographique, historique, ethnique, linguistique, religieuse et culturelle avec l'Asie centrale plutôt qu'avec la Chine.

Au cours de son histoire, la région géographique connue aujourd’hui sous le nom chinois de " Xinjiang " a été une voie de passage où se sont mêlées un grand nombre de populations d’origines ethniques diverses. A l’origine, la région a sans doute été peuplée par des populations indo-européennes avant d’être confrontée à des vagues d’envahisseurs nomades non indo-européens : paléo-asiatiques d’abord puis proto-turques, turques et proto-mongoles.



A la fin du XIXème siècle, on constate que si la population de la région parle bien un dialecte turc, elle est, d’un point de vue ethnique, composée d’éléments divers, principalement d’une combinaison d’éléments indo-européens et turcs.

Quant aux Tibétains, aux Mongols et aux Chinois qui ont joué un rôle politique important dans l’histoire de cet espace, d’un point de vue ethnique, ils ont été qualifiés de « quantités négligeables » sauf à Karachahr où l’on trouve « un groupe de population mongole considérable».

L’importance de la population Han au Xinjiang est donc un phénomène récent. Il résulte en fait d’une politique mise en œuvre depuis l’avènement du pouvoir communiste en Chine. En effet, avant 1949, les Han ne représentaient guère plus de 6% de la population de la région. C’est l’afflux de colons et de militaires chinois, afflux encouragé par le pouvoir central, qui a profondément modifié la composition ethnique de la région. Jamais, sauf au début du XIXème siècle, c’est-à-dire à l’apogée de la puissance des Qing sur la région, la proportion de population Han dans la composition ethnique de la zone n’a été si importante.

Une revendication indépendantiste réprimée par Pékin :

Les années 90 font passer au second plan les " identités d’Oasis ". L’influence du contexte international marqué par la disparition de l’URSS et l’indépendance des Républiques d’Asie centrale, mais aussi de la politique interne de la Chine caractérisée par l’afflux de population Han, l’institutionnalisation de la langue chinoise et la perception chez les Ouïgours d’une disparité économique et d’une exploitation des ressources du Xinjiang au profit des seuls Han, les Ouïgours étant cantonnés aux emplois subalternes, a conduit à un renforcement de l’ethno-nationalisme au sein d’une partie de la population ouïgoure.

La langue ouïgoure est interdite à l’université depuis 2002. Une réforme prévoit même l’extension de cette interdiction aux collèges.

L’enseignement de l’Islam est interdit aux jeunes de moins de 18 ans. Le Parti communiste chinois surveille étroitement l’enseignement dans les mosquées et les deux universités coraniques du Xinjiang. Pour devenir fonctionnaire, il faut renoncer à sa religion. En 2002, des autodafés ont été organisés par les autorités locales, détruisant des centaines de livres censurés pour «atteinte idéologique à l'État chinois». Le bazar de la capitale a été transformé en supermarché moderne.

S’il est aujourd’hui très délicat d’évaluer l’importance quantitative du mouvement indépendantiste, les chercheurs contemporains constatent néanmoins que les franges les plus jeunes de la population sont travaillées par ce sentiment. Alors que la " question ouïgoure " n’atteint pas encore dans le public occidental l’acuité de celle du Tibet, à Pékin, au contraire, le " séparatisme des minorités " est pris très aux sérieux. Les auteurs chinois considèrent qu’il s’agit de la menace principale qui pèse aujourd’hui sur la région du Xinjiang et donc sur la "souveraineté " de la Chine dans cette zone.

C’est pour cette raison que la répression qu’exerce Pékin à l’encontre de toute manifestation du "séparatisme " est extrêmement sévère et tend même à s’accentuer encore davantage.

     

Sources

 

Articles du web

  • www.diploweb.com (extraits de « Chine : le Xinjiang et les Ouïgours » par Thierry Kellner, doctorant spécialiste des relations entre la République populaire de Chine et les Républiques d’Asie centrale)
  • www.Wikipédia.com
  • Le Monde, 7 août 2004,
  • Marianne, 1er octobre 2004,
  • Libération, 21 septembre 2004 : article de Chloé Froissart chercheuse au Centre d'études français sur la Chine contemporaine à Hong Kong.

Liens

Bibliographie

  • DJALILI, M.-R., KELLNER, T., Géopolitique de la nouvelle Asie centrale, De la fin de l'URSS à l'après-11 septembre, Paris, PUF, 2003, 585p. Thierry Kellner est un spécialiste des relations entre la République populaire de Chine et les Républiques d'Asie centrale
  • Les Ouïgours au XXIe siècle, F.J. Besson, Cahiers d'études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien, N° 25, 1998.